Gestion des euthanasies de chiens : le quotidien d’une vétérinaire

Il y a des journées que l’on oublie rapidement, et d’autres que l’on porte longtemps avec soi. Dans une vie de vétérinaire, les euthanasies font malheureusement partie de notre quotidien. Elles rythment parfois les semaines, s’insèrent entre deux consultations, et demandent à la fois une grande douceur, une rigueur absolue et une empathie qui doit rester intacte malgré les années d’exercice.

L’essentiel (TL;DR)

-L’euthanasie est un acte vétérinaire légal et encadré qui met fin à la souffrance de l’animal.

-En tant que vétérinaire, j'accompagne le chien et son propriétaire, prépare le moment avec sensibilité et m’assure que l’animal parte sans douleur.

 

Une décision qui commence avant la salle de consultation

Contrairement à ce que certains imaginent, une euthanasie chez le chien débute souvent avant la consultation : au téléphone, quand une voix hésitante demande “est-ce qu’il faudrait peut-être envisager…”. Dans la salle d’attente, quand un chien âgé arrive dans les bras, ou ne tient pas sur ses pattes. 

Chaque situation est différente : certains propriétaires savent qu’ils viennent pour cela. D’autres espèrent encore un miracle. Parfois l’animal arrive en urgence, trop faible pour une longue discussion. Ou bien, au contraire, on prend plusieurs jours pour réfléchir, peser l’état général, envisager l’hospitalisation ou les traitements de confort, voir si l’état est réversible ou non.

Mon rôle de vétérinaire consiste alors à accompagner sans jamais imposer, informer sans brusquer, répondre à toutes les questions. Il faut donner assez d’éléments pour prendre une décision juste, mais sans éloigner le propriétaire de son ressenti. 

 

Créer un espace calme

Au moment où la décision est prise, l’objectif est de créer un cocon. Les cliniques vétérinaires ne sont pas toujours conçues pour ça : il y a souvent du bruit, le passage d'animaux... J'essaie toujours de créer un espace apaisé : j'utilise la salle la plus isolée, j'installe une couverture, et surtout je laisse tout le temps nécessaire aux propriétaire pour dire au revoir à leur compagnon. 

L’animal perçoit beaucoup de choses : les gestes, les voix, les odeurs. Même très affaibli, il a besoin de sentir la présence rassurante de ses maître. La priorité est de lui offrir un environnement calme, sans agitation. Beaucoup de chiens reposent leur tête sur les genoux de leurs maîtres, d’autres encore restent blottis dans leurs bras. L’important est qu’ils puissent partir sans stress, entourés.

Dans cette bulle, les mots deviennent souvent secondaires. J'ai tendance à ne pas m'interposer sauf si on me pose des questions, et laisser la place aux caresses, aux souvenirs, aux derniers instants partagés.

 

Les différentes étapes médicales

vieux chien noir veterinaire euthanasie

Bien qu’il s’agisse d’un acte technique, je m'efforce d’en rendre chaque étape compréhensible, simple et rassurante. L’objectif est de limiter toute forme d’appréhension.

1. Une première injection de sédation

C’est l’étape qui permet à l’animal de s’endormir paisiblement. Le chien se détend, respire plus lentement, lâche prise. Cette phase peut durer quelques minutes, pendant lesquelles les propriétaires restent auprès de lui. Beaucoup trouvent ce moment apaisant, car ils voient leur compagnon se défaire de l’inconfort qui l’habite depuis trop longtemps.

2. L’injection finale

Elle n’intervient qu’une fois que le chien dort profondément. Elle est indolore, rapide, et provoque un arrêt cardiaque en quelques secondes. Je vérifie ensuite l’absence de battements cardiaques, et j'indique aux propriétaires que leur compagnon est parti.

Il est fréquent que le corps du chien ait de petites réactions réflexes, comme un dernier souffle ou de légères contractions musculaires. Je prends toujours le temps de prévenir les propriétaires : cela fait partie du fonctionnement normal du corps, et n’indique jamais un réveil ou une souffrance.

L’après, ce moment où chacun reste un peu dans la pièce

Quand le chien est parti, la pièce devient un espace silencieux et rempli d’émotions. Certains propriétaires pleurent longuement, d’autres veulent partir tout de suite, d’autres encore parlent à leur compagnon comme s’il dormait. Dans ces cas-là, je reste présente ou bien je m'éclipse pour laisser aux propriétaires le temps qu'il leur faut. 

Laisser le temps est essentiel. Il n’y a pas de règle, pas de limite. Certains restent dix minutes, d’autres presque une heure. L’équipe de la clinique s’adapte, réorganise les consultations, retarde un vaccin s’il le faut. Ces instants-là ne doivent jamais être bousculés.

 

La gestion émotionnelle côté vétérinaire : entre distance professionnelle et vulnérabilité

Dans ll'imaginaire, les vétérinaires seraient habitués, presque insensibles, à force de répétitions. La réalité est toute autre ! Même après des centaines d’euthanasies, ce n’est jamais un geste que je banalise. Chaque chien porte une histoire différente.

Certaines euthanasies me marquent plus que d’autres :

  • Celles des chiens suivis depuis des années, vus chiots puis vieillissants ;

  • Celles qui surviennent trop tôt, chez un animal jeune que la maladie emporte ;

  • Celles que les propriétaires vivent comme une déchirure absolue ;

  • Celles qui arrivent en urgence, dans le chaos d’un accident ;

  • Celles qui suivent une longue lutte contre une maladie chronique (comme un cancer chez le chien).

J'essaie de trouver un équilibre : être suffisamment présente émotionnellement pour accompagner avec empathie, mais garder assez de distance pour continuer à faire mon travail sans que ça m'affecte trop. C’est un exercice difficile, qui s’apprend avec le temps, mais qui ne devient jamais simple. Il peut nous arriver de pleurer aussi, parfois pendant la consultation à l'écart, ou bien le soir en rentrant chez nous. Ça m'est arrivé plus d'une fois...

La question des cendres

vieux chien malinois allonge

Après l’euthanasie, de nombreuses familles souhaitent récupérer les cendres de leur chien. D'autres préfèrent ne rien avoir qui leur rappelle leur chien. C'est une décision personnelle, qui revient entièrement au propriétaire.

Je prends toujours le temps d’expliquer les options : crémation privée, urne, empreinte de patte… Ces décisions, même administratives, font partie du processus d’adieu. Elles aident à structurer le deuil, à créer un geste symbolique.

L'avis de Bulle Bleue : Le budget diffère selon l'option choisie. Avant de prendre une décision, vous pouvez demander un devis détaillé. Selon le tarif, l'assurance santé pour chien vous accompagne également dans cette étape.

Pour le vétérinaire aussi, un geste d’amour plus qu’un acte médical

Dans la vie quotidienne d’une clinique, les journées sont souvent remplies, techniques, rythmées par les examens, les urgences et les diagnostics. Pourtant, malgré la douleur que ces moments impliquent, le plus souvent je vois l’euthanasie comme un acte bienveillant.

Quand un chien souffre, quand les traitements ne fonctionnent pas, l’euthanasie devient parfois le dernier geste de respect que l’on puisse lui offrir. Ce geste permet de lui rendre sa dignité, de lui éviter la détresse, et de l’accompagner jusqu’au bout avec douceur. C’est une responsabilité immense, chargée d’émotion, mais aussi un acte de compassion.

Un dernier au revoir, et la vie continue 

Quand la porte se referme, la clinique reprend son activité. Un autre chien arrive pour une vaccination, un autre pour des démangeaisons... La vie continue. 

Ces moments sont lourds, mais ils donnent aussi un sens profond à notre métier. Ils rappellent pourquoi on devient vétérinaire : pour soigner, accompagner, soulager. Pour être présent dans les plus belles rencontres, mais aussi dans les plus difficiles séparations.

Au fil des années, je n’oublie jamais que derrière chaque euthanasie se cache une histoire d’amour. Et c’est sans doute cela qui donne toute sa valeur à cet acte : permettre à un chien de partir entouré, et offrir à sa famille un souvenir apaisé, malgré la peine.

FAQ – Euthanasie chez le chien

Quand envisager l’euthanasie de mon chien ?

Lorsque la qualité de vie est sévèrement compromise par la douleur, la maladie ou l’âge, et qu’aucun traitement ne permet un confort acceptable.

Mon chien souffrira-t-il pendant l’acte ?

Non, l’euthanasie est indolore et rapide. Une prémédication peut être proposée pour diminuer le stress avant l’injection.

Quel est le prix d'une euthanasie chez le chien ?

Le prix d’une euthanasie chez le chien varie en fonction de plusieurs facteurs, notamment la taille de l’animal, la localisation géographique et les tarifs pratiqués par le vétérinaire. En clinique vétérinaire, le coût moyen d’une euthanasie se situe généralement entre 50 et 100 euros pour un chien de taille moyenne. Ce tarif inclut la sédation, l’injection létale et la consultation préalable.

Puis-je assister à l’euthanasie ?

Oui, vous pouvez si vous le souhaitez assister à l'euthanasie de votre chien. Vous pouvez aussi décider de ne rester qu'au début, ou bien de venir seulement à la fin quand la procédure est terminée : c'est vous qui choisissez.

Où va le corps de mon chien ?

Les animaux euthanasiés sont ensuite incinérés par une société dédiée à cela. Vous pouvez ensuite décider de récupérer les cendres (crémation individuelle) ou non (dans ce cas ce sera une crémation collective).