L’arthrose est une maladie articulaire fréquente chez le chat, souvent sous-diagnostiquée. Elle résulte d’une dégradation progressive du cartilage et de l’articulation, affectant la mobilité et la qualité de vie du félin. Comprendre son mécanisme est essentiel pour mieux appréhender cette affection chronique.
L'essentiel
- L’arthrose résulte d’une dégradation progressive du cartilage articulaire, provoquant douleur et raideur.
- Le diagnostic repose sur l’observation clinique et les examens radiographiques.
- Une prise en charge multimodale, incluant gestion du poids, médicaments et adaptations, est essentielle pour améliorer le confort du chat.
Qu'est-ce que l'arthrose chez le chat ?
L’arthrose chez le chat est une affection chronique dégénérative des articulations, caractérisée par une dégradation progressive du cartilage articulaire et une altération de l’ensemble de l’articulation. Comprendre la pathogenèse de cette maladie est essentiel pour saisir comment elle se développe et évolue.
L’articulation est une structure complexe qui permet le mouvement entre deux os. Elle est composée de plusieurs éléments : le cartilage articulaire, qui recouvre les surfaces osseuses et agit comme un coussin absorbant les chocs ; la membrane synoviale, qui produit un liquide lubrifiant appelé liquide synovial ; la capsule articulaire qui enveloppe l’articulation ; ainsi que les ligaments et les muscles qui assurent la stabilité et la mobilité. Chez un chat sain, ces structures fonctionnent en harmonie pour garantir un mouvement fluide et sans douleur.
La pathogenèse de l’arthrose débute généralement par un déséquilibre mécanique ou biologique qui affecte le cartilage. Ce déséquilibre peut avoir plusieurs origines : un traumatisme, une malformation articulaire congénitale, une inflammation chronique ou un vieillissement naturel des tissus. Chez le chat, l’arthrose est souvent liée à l’âge, mais des facteurs comme l’obésité, des anomalies anatomiques ou des lésions articulaires anciennes peuvent accélérer le processus.
Le cartilage articulaire est constitué principalement d’une matrice extracellulaire riche en collagène de type II et en protéoglycanes, qui retiennent l’eau et confèrent au cartilage ses propriétés élastiques et résistantes à la compression. Les chondrocytes, cellules spécialisées, maintiennent cette matrice en équilibre constant entre synthèse et dégradation. Lorsqu’un facteur pathologique intervient, ce fragile équilibre est rompu.
Un événement déclencheur — souvent un stress mécanique excessif ou une inflammation — entraîne une production accrue d’enzymes protéolytiques par les chondrocytes et les cellules inflammatoires. Ces enzymes dégradent le collagène et les protéoglycanes, fragilisant la matrice cartilagineuse. La dégradation du cartilage s’accompagne d’une diminution de la capacité à retenir l’eau, ce qui réduit l’absorption des chocs et augmente la vulnérabilité aux lésions.
Parallèlement, la membrane synoviale réagit à cette dégradation en développant une inflammation synoviale. Cette inflammation chronique favorise la production de médiateurs pro-inflammatoires tels que les cytokines (interleukines, TNF-alpha), qui amplifient la dégradation du cartilage et empêchent sa réparation. De plus, l’infiltration de cellules inflammatoires dans l’articulation contribue à la douleur et à la gêne fonctionnelle.
La surface du cartilage devient irrégulière et s’effrite, exposant progressivement l’os sous-jacent. Cette exposition osseuse provoque la formation de nouveaux tissus osseux appelés ostéophytes, qui tentent de stabiliser l’articulation. Ces excroissances osseuses modifient la mécanique articulaire et peuvent aggraver la dégradation en provoquant des frottements anormaux.
En outre, l’os sous-chondral, situé juste sous le cartilage, subit des modifications importantes. Il devient plus dense et peut présenter des microfractures et une inflammation locale, participant ainsi à la douleur et à l’altération de la fonction articulaire.
Chez le chat, contrairement à d’autres espèces, l’arthrose peut être plus silencieuse, mais la pathogenèse reste similaire. L’évolution de la maladie est lente et progressive, marquée par une succession de phases inflammatoires et de phases dégénératives, avec un remodelage permanent de l’articulation.
Une étude réalisée sur 100 chats âgés de plus de 6 ans a révélé que 61 % présentaient une ostéoarthrite dans au moins une articulation, et 48 % dans plusieurs articulations. |
Quels sont les différents stades d'arthrose ?
Les différents stades de l’arthrose chez le chat, basé sur l’évolution des lésions articulaires et les changements pathologiques associés, peuvent être classés ainsi :
Stade | Description | Modifications anatomopathologiques |
Stade 1 – Précoce | Début de la dégradation du cartilage, souvent microscopique, sans modification visible à l’imagerie. | Légère perte des protéoglycanes, microfissures superficielles du cartilage, début d’inflammation synoviale légère. |
Stade 2 – Modéré | Détérioration progressive du cartilage, début des signes visibles cliniques et radiographiques. | Érosion du cartilage, fibrillation, inflammation synoviale modérée, début d’épaississement de la membrane synoviale. |
Stade 3 – Avancé | Perte importante du cartilage avec atteinte de l’os sous-chondral, apparition d’ostéophytes. | Cartilage largement détruit, exposition de l’os sous-jacent, ostéophytes visibles, remodelage osseux et inflammation chronique. |
Stade 4 – Terminal | Destruction quasi-totale du cartilage, déformation articulaire marquée, perte fonctionnelle sévère. | Dégénérescence complète du cartilage, ostéophytes volumineux, fibrose de la capsule articulaire, déformations osseuses majeures. |
Quels sont les premiers symptômes d'arthrose chez le chat ?
Les premiers symptômes de l’arthrose chez le chat sont souvent subtils et peuvent facilement passer inaperçus, car les félins sont naturellement discrets lorsqu’ils ressentent de la douleur ou un inconfort. Pourtant, ces signes précoces sont essentiels à détecter pour envisager une prise en charge adaptée.
- L’un des premiers signes observables est une diminution de l’activité physique. Le chat peut sembler moins joueur, moins enclin à sauter ou à grimper.
- Ses déplacements deviennent plus hésitants, avec une certaine raideur, surtout après une période de repos ou au réveil. Cette raideur matinale est typique des débuts d’arthrose.
- Le chat peut aussi adopter des postures inhabituelles pour limiter la douleur articulaire. Par exemple, il peut éviter de poser tout le poids sur une patte douloureuse ou modifier sa façon de se lever ou de s’asseoir. On peut remarquer une certaine maladresse ou une démarche raide et moins fluide.
- La sensibilité au toucher autour des articulations affectées peut augmenter. Certains chats deviennent réticents à être caressés ou manipulés à certains endroits, ce qui peut être un signe indirect de douleur articulaire.
- Par ailleurs, la toilette peut être altérée. Un chat souffrant d’arthrose peut moins se toiletter, notamment dans les zones difficiles d’accès, comme les flancs ou l’arrière-train, en raison de la douleur ou de la raideur. Cela peut entraîner un pelage moins soigné, voire des nœuds ou des zones de poils ternes.
- Enfin, certains chats peuvent montrer un changement de comportement, devenant plus irascibles, retirés ou moins sociables. Cette modification peut résulter de la gêne ou de la douleur chronique.
L'avis de Bulle Bleue : Reconnaître ces signes précoces d’arthrose permet d’agir rapidement pour améliorer le confort du chat et ralentir l’évolution de la maladie ! Une vigilance particulière est donc nécessaire, surtout chez les chats âgés ou présentant des facteurs de risque.
Comment diagnostiquer l'arthrose chez le chat ?
Le diagnostic de la maladie chez le chat repose sur une approche clinique complète, associant l’observation des signes cliniques, un examen physique minutieux et des examens complémentaires adaptés. Contrairement à d’autres espèces, le chat masque souvent sa douleur, ce qui rend le diagnostic parfois plus difficile.
- La première étape consiste en une anamnèse détaillée. Le vétérinaire interroge le propriétaire sur les modifications du comportement de l’animal, telles que la diminution de l’activité, la difficulté à sauter, les changements dans la posture ou encore des signes de douleur lors de la manipulation. Ces informations permettent d’orienter le diagnostic.
- L’examen clinique approfondi est primordial. Le vétérinaire va palper et mobiliser doucement les articulations suspectes afin de détecter une douleur, une raideur, un gonflement ou une diminution de l’amplitude articulaire. Chez le chat, la réaction à la palpation peut être discrète, mais une attention particulière est portée aux modifications de la démarche ou de la posture.
- Les examens d’imagerie jouent un rôle clé dans la confirmation du diagnostic. La radiographie est l’outil de choix pour visualiser les modifications osseuses caractéristiques de l’arthrose, telles que la réduction de l’espace articulaire, la formation d’ostéophytes, la sclérose de l’os sous-chondral et parfois des érosions osseuses. Toutefois, chez le chat, les signes radiographiques peuvent être moins marqués que chez le chien, et l’absence de modifications visibles n’exclut pas la présence d’arthrose.
- Dans certains cas, l’échographie articulaire peut compléter l’examen, en permettant d’évaluer la membrane synoviale et le liquide synovial, détectant ainsi une inflammation ou un épanchement.
- D’autres examens comme l’IRM ou le scanner sont rarement utilisés en pratique courante chez le chat, mais peuvent être envisagés dans des cas complexes.
- Enfin, il est important d’exclure d’autres causes possibles de boiterie ou de douleurs articulaires, telles que des infections, des maladies inflammatoires ou des tumeurs.
Le diagnostic d’arthrose chez le chat repose donc sur une synthèse des données cliniques et radiologiques. Une détection précoce permet une meilleure prise en charge et améliore la qualité de vie du chat.
Une étude prospective de 28 chats arthrosiques cliniquement diagnostiqués a trouvé que 45 % avaient une arthrose au coude, 38 % à la hanche. |
A quel âge un chat peut-il avoir de l'arthrose ?
L’arthrose peut toucher les chats dès l’âge senior, généralement à partir de 8 à 10 ans, mais elle est beaucoup plus fréquente chez les chats âgés de plus de 12 ans. En effet, le vieillissement articulaire est le principal facteur de risque, entraînant une usure progressive du cartilage.
Cependant, certains chats plus jeunes peuvent également développer de l’arthrose, notamment en cas de prédispositions comme des anomalies congénitales (malformations articulaires), des traumatismes articulaires anciens, ou des maladies inflammatoires chroniques qui endommagent les articulations.
Ainsi, bien que l’arthrose soit majoritairement une maladie liée à l’âge, elle n’est pas exclusivement réservée aux chats âgés et peut apparaître plus tôt selon les circonstances individuelles. Une surveillance régulière et une attention portée aux premiers signes restent importantes à tout âge.
Est-ce qu'un chat qui a de l'arthrose souffre ?
Un chat atteint d’arthrose souffre, même si cette douleur peut être difficile à détecter. L’arthrose est une maladie articulaire chronique qui entraîne une inflammation, une dégradation progressive du cartilage et des modifications de l’os sous-jacent. Ces changements provoquent des sensations douloureuses au niveau des articulations concernées.
Chez le chat, la douleur liée à l’arthrose est souvent sourde et intermittente, ce qui explique pourquoi ils peuvent masquer leur gêne. Cette douleur peut varier selon l’activité, s’aggravant notamment après un effort ou une période d’immobilité. Les chats peuvent ainsi ressentir une gêne en bougeant, en sautant ou même en se déplaçant simplement.
Cette souffrance impacte leur qualité de vie : le chat peut devenir moins actif, moins joueur, voire modifier ses habitudes quotidiennes pour éviter les positions ou mouvements douloureux. La douleur chronique peut aussi entraîner du stress et un changement de comportement, comme l’irritabilité ou le retrait social.
Il est important de reconnaître que, même si le chat ne montre pas toujours clairement sa douleur, il en souffre réellement. Une prise en charge adaptée permet d’améliorer son confort et de limiter cette souffrance articulaire.
Comment soulager l'arthrose d'un vieux chat ?
L’arthrose chez le chat est une maladie chronique qui nécessite une prise en charge globale et adaptée pour améliorer le confort de l’animal et ralentir la progression des lésions articulaires. Le traitement repose sur plusieurs axes complémentaires, combinant des approches médicamenteuses, non médicamenteuses et parfois des interventions spécifiques.
Médicaments anti-inflammatoires
La douleur et l’inflammation sont au cœur des symptômes de l’arthrose. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont souvent prescrits pour réduire ces phénomènes et améliorer la mobilité. Toutefois, leur usage chez le chat doit être très prudent et sous strict contrôle vétérinaire, en raison des risques d’effets secondaires, notamment rénaux. D’autres options comme les opioïdes peuvent être envisagées en cas de douleur sévère, mais toujours avec une surveillance rapprochée.
Traitement par injection
Le traitement par injection représente une avancée intéressante dans la prise en charge de l’arthrose chez le chat. Elles sont réalisées avec un médicament injecté une fois par mois, conçu spécifiquement pour soulager la douleur articulaire liée à l’arthrose chez le chat. L'injection contient un anticorps monoclonal ciblant une protéine appelée NGF (Nerve Growth Factor, ou facteur de croissance nerveuse). Cette protéine joue un rôle clé dans la transmission de la douleur inflammatoire. En bloquant le NGF, Solensia réduit la sensibilité des nerfs à la douleur, ce qui diminue significativement les sensations douloureuses liées à l’arthrose. L'injection est sous-cutanée, généralement une fois toutes les 4 semaines. Cette injection peut être réalisée par un vétérinaire lors d’une consultation. Ce mode d’administration présente l’avantage d’éviter une prise quotidienne de médicament orale, souvent difficile à gérer chez le chat. Ce traitement est très efficace est bien toléré, mais son coût est assez élevé (entre 50 et 100 euros par injection). L'assurance santé pour chat peut prendre en charge les frais de traitement en cas d'arthrose.
Alimentation et gestion du poids
Le surpoids est un facteur aggravant majeur de l’arthrose, car il augmente la pression exercée sur les articulations. Contrôler le poids du chat est donc une étape essentielle du traitement. Une alimentation adaptée, parfois enrichie en acides gras oméga-3, en antioxydants et en nutriments favorisant la santé articulaire, peut aider à limiter l’inflammation et à préserver le cartilage. Votre vétérinaire pourra vous conseiller une gamme adaptée ainsi qu'un calcul de ration en cas de nécessité d'une perte de poids.
Compléments alimentaires
Les compléments alimentaires à base de chondroprotecteurs, comme la glucosamine, la chondroïtine sulfate ou les acides gras oméga-3, sont fréquemment utilisés pour soutenir la santé du cartilage et réduire l’inflammation articulaire. Leur efficacité peut varier selon les individus, mais ils sont généralement bien tolérés et peuvent être utilisés sur le long terme.
Adaptation de l'environnement
L’activité physique adaptée est bénéfique pour maintenir la mobilité articulaire et renforcer les muscles qui soutiennent les articulations. Des exercices doux, comme des jeux modérés, sont recommandés. En parallèle, aménager l’environnement du chat pour limiter les efforts (rampes, accès facilités aux zones en hauteur, couchages confortables) contribue à réduire la douleur et les contraintes articulaires.
Suivi régulier
L’arthrose étant une maladie évolutive, un suivi vétérinaire régulier est indispensable pour adapter le traitement en fonction de l’évolution des signes cliniques et de la tolérance aux médicaments. Ce suivi permet également d’ajuster les conseils alimentaires et les adaptations environnementales.
Combien de temps un chat peut-il vivre avec de l'arthrose ?
Un chat peut tout à fait vivre de nombreuses années avec de l’arthrose, à condition que la maladie soit bien prise en charge. L’arthrose est une affection chronique, évolutive mais non mortelle en soi. Elle impacte principalement la qualité de vie en provoquant douleur et raideur, mais avec un suivi adapté—gestion de la douleur, contrôle du poids, environnement aménagé—le chat peut conserver une bonne mobilité et un confort satisfaisant.
La longévité du chat arthrosique dépend surtout de la sévérité des lésions, de la présence d’autres maladies associées et de la rapidité à laquelle le traitement est mis en place. Un diagnostic précoce et une prise en charge multimodale permettent de ralentir la progression et de limiter l’impact sur la vie quotidienne.
Ainsi, même avec de l’arthrose, un chat peut vivre plusieurs années en conservant un bon bien-être, grâce à une gestion adaptée et un suivi vétérinaire régulier.
Pour concure, l'arthrose est une maladie fréquente chez le chat vieillissant, nécessitant une prise en charge adaptée pour soulager la douleur et préserver la mobilité. Un diagnostic précoce et un traitement global améliorent significativement la qualité de vie du chat arthrosique au quotidien.
Sources :
- Étude transversale sur 100 chats de plus de 6 ans Clarke SP, Mellor D, Clements DN, Gemmill T, Farrell M, Carmichael S, Bennett D. Cross‑sectional study of the prevalence and clinical features of osteoarthritis in 100 cats aged ≥6 years. Vet Journal. 2005;157(25):793–799.
- Étude prospective de 28 chats cliniquement arthrosiques Clarke SP, Bennett D. Feline osteoarthritis: a prospective study of 28 cases. J Small Anim Pract. 2006;47(8):439–445.