AVC chez le chien : prise en charge et pronostic

 

L’AVC (accident vasculaire cérébral) peut aussi toucher les chiens, de la même façon que les hommes. Difficile à anticiper, il faut en connaître quelques symptômes et savoir comment réagir.

L'essentiel (TL;DR) :

  • L’AVC chez le chien survient suite à une obstruction ou rupture des vaisseaux cérébraux, touche surtout les chiens âgés et certaines races sont plus à risque.
  • Symptômes : désorientation, perte d’équilibre, paralysie, inclinaison de la tête, troubles visuels ou convulsions.
  • Une prise en charge vétérinaire rapide améliore la récupération.

 

Définition de l'accident vasculaire cérébral chez le chien

Un accident vasculaire cérébral (AVC) chez le chien est une affection médicale grave qui se produit lorsque l'apport de sang à une partie du cerveau est interrompu, ce qui entraîne la mort des cellules cérébrales dans la zone touchée.

Il existe deux types d’AVC chez le chien.

AVC hémorragique 

Cet AVC est provoqué par la rupture d’un vaisseau sanguin dans le cerveau et qui entraîne une hémorragie;

AVC ischémique

Cet AVC est provoqué par l’obstruction d’un ou plusieurs vaisseaux sanguins dans le cerveau et qui entraîne une mauvaise irrigation. C’est ce que l’on appelle l’infarctus cérébral, qui est en général plus facile à soigner que le précédent type d’AVC.

Le cerveau n'étant plus suffisamment oxygéné par le sang, dysfonctionnement alors.

Quel que soit le cas, l’AVC est une pathologie grave qui peut, si elle n’entraîne pas la mort du chien, laisser des séquelles importantes et irréversibles.

Certaines races de chiens peuvent être prédisposées à ce genre d'attaque :

  • Cavalier King Charles Spaniel : Cette race est particulièrement sujette à la syringomyélie, une malformation de la partie postérieure du crâne, qui peut augmenter le risque d'AVC.
  • Boxer : Les boxers sont également prédisposés à certains problèmes cardiaques, tels que les cardiomyopathies, qui peuvent augmenter le risque d'AVC.
  • Terre-Neuve : Les terre-neuves sont prédisposés à certaines maladies cardiaques, ce qui peut augmenter leur risque d'AVC.
  • Cocker Spaniel : Les cockers peuvent être prédisposés à certaines conditions médicales telles que l'hypertension artérielle, ce qui peut augmenter le risque d'AVC.
  • Dogue allemand : Les dogues allemands peuvent être sujets à certaines maladies cardiaques, augmentant potentiellement leur risque d'AVC.

A quel âge un chien peut-il souffrir d'un AVC ?

L’AVC peut survenir à tout âge, mais il est plus fréquent chez les chiens âgés, généralement à partir de 8-10 ans. Avec l’âge, le risque augmente en raison de la prévalence plus élevée des maladies cardiovasculaires, de l’hypertension artérielle et des troubles métaboliques prédisposants.

Bien que l’AVC soit plus souvent diagnostiqué chez les chiens âgés, il ne doit pas être écarté chez un chien plus jeune présentant des signes neurologiques soudains. Un diagnostic rapide permet d’optimiser la prise en charge et d’améliorer les chances de récupération.

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Les causes de l'AVC chez le chien

Les causes d'un AVC sont variées chez le chien.

Embolies 

Des caillots sanguins ou d'autres substances peuvent voyager à travers la circulation sanguine et se loger dans les vaisseaux sanguins du cerveau, provoquant un blocage et un manque d'approvisionnement en oxygène dans la région touchée.

Hémorragies 

Une rupture d'un vaisseau sanguin dans le cerveau peut entraîner une hémorragie cérébrale, ce qui perturbe le flux sanguin et endommage les tissus cérébraux.

Hypertension artérielle 

Comme chez les humains, une pression artérielle élevée peut endommager les vaisseaux sanguins dans le cerveau et augmenter le risque d'AVC.

Traumatisme crânien 

Un traumatisme crânien sévère peut endommager les vaisseaux sanguins du cerveau, entraînant un risque accru d'AVC.

Maladies sous-jacentes 

Certaines conditions médicales sous-jacentes, telles que les maladies cardiaques, le diabète, les insuffisances rénales ou les tumeurs, peuvent augmenter le risque d'AVC chez les chiens.

Âge 

Les chiens âgés sont plus susceptibles de développer des AVC en raison du vieillissement naturel et de l'accumulation de facteurs de risque tout au long de leur vie.

Intoxication

Certaines substances toxiques peuvent provoquer un AVC.

Environ 54 % des chiens ayant subi un AVC ischémique présentaient une ou plusieurs comorbidités, notamment : maladie rénale chronique, hyperadrénocorticisme, hypothyroïdie, diabète sucré, hypertension secondaire. Ces conditions peuvent augmenter le risque d’AVC et affecter le pronostic*.

 

Symptômes : quels sont les signes d'un chien qui a fait un AVC ?

Un AVC peut se produire brutalement mais certains signes peuvent vous alerter et vous faire comprendre ce qui se passe. Ces signaux sont les suivants :

  • Perte soudaine de l'équilibre : Le chien peut avoir du mal à se tenir debout, à marcher droit, ou peut sembler tituber.
  • Faiblesse ou paralysie : Cela peut affecter un côté du corps ou les quatre membres.
  • Tête penchée : Une inclinaison de la tête d'un côté est souvent observée (syndrome vestibulaire).
  • Désorientation : Le chien peut sembler confus ou désorienté.
  • Troubles de la vision : Cela peut inclure la cécité soudaine, ou d'autres anomalies.
  • Mouvements anormaux des yeux (nystagmus) : Les yeux peuvent se déplacer rapidement d'un côté à l'autre ou de haut en bas.
  • Changements de comportement : Anxiété, agitation...
  • Difficulté à marcher : Le chien peut avoir du mal à coordonner ses mouvements.
  • Vomissements : Cela peut être dû à la nausée causée par les vertiges ou la désorientation.
  • Perte de conscience ou convulsions : Dans les cas sévères, un chien peut perdre connaissance ou avoir des crises convulsives.
  • Incapacité à se lever ou à se tenir debout : Le chien peut sembler abattu ou incapable de se lever.

Le conseil de Bulle Bleue : Un AVC est une véritable urgence vétérinaire. Si votre chien présente des symptômes neurologiques de façon soudaine, consultez rapidement un vétérinaire :  une prise en charge rapide améliore considérablement les chances de récupération.

Comment savoir si un chien a fait une attaque ?

Diagnostic vétérinaire

Le diagnostic d’un accident vasculaire cérébral (AVC) chez le chien est posé par le vétérinaire en combinant examen clinique et examens complémentaires pour identifier la cause.

L’évaluation débute par un examen général et neurologique approfondi visant à observer :

  • L’état de conscience (réactivité, confusion, léthargie).
  • La coordination et l’équilibre (ataxie, démarche inhabituelle).
  • Les réflexes et la motricité (faiblesse ou paralysie d’un côté du corps).
  • Les mouvements des yeux (nystagmus, troubles de la vision).
  • L’orientation et les réactions aux stimuli.

Une apparition soudaine des symptômes oriente généralement le vétérinaire vers un AVC plutôt qu’une maladie dégénérative ou infectieuse.

Examens complémentaires

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est l’examen de référence pour visualiser les lésions cérébrales et distinguer un AVC ischémique (obstruction d’un vaisseau) d’un AVC hémorragique (saignement). Le scanner peut également être utilisé, mais il est moins précis pour détecter les lésions ischémiques récentes.

Des analyses sanguines et examens complémentaires sont souvent réalisés pour rechercher la cause :

  • Bilan de coagulation pour détecter des troubles ou une intoxication aux anticoagulants.
  • Mesure de la tension artérielle pour identifier une hypertension.
  • Bilan métabolique afin de dépister diabète ou insuffisances rénales ou hépatiques.
  • Échocardiographie pour détecter d’éventuelles maladies cardiaques favorisant la formation de caillots.

Prix des examens

Voici un tableau indicatif des coûts pour le diagnostic d’un AVC chez le chien. Les prix peuvent varier selon la clinique vétérinaire, la ville et la complexité du cas :

Type d’examen / consultation Prix indicatif (EUR) Commentaires
Consultation vétérinaire 50 – 80 Examen clinique initial et neurologique
Analyses sanguines complètes 80 – 150 Bilan métabolique, coagulation, fonction rénale et hépatique
Mesure tension artérielle 20 – 50 Peut être incluse dans certaines consultations
Échocardiographie 150 – 300 Détection de maladies cardiaques favorisant les AVC
Scanner (CT) cérébral 300 – 500 Moins précis que l’IRM pour AVC ischémique
IRM cérébrale 500 – 900 Examen de référence pour visualiser les lésions
Frais complémentaires / anesthésie 100 – 250

Souvent nécessaire pour l’IRM ou le scanner

 

 

L'assurance pour chien de Bulle Bleue rembourse non seulement les frais vétérinaires en cas d'accident et/ou de maladie, mais également les consultations, les examens nécessaires, les interventions et hospitalisation le cas échéant, tout comme les médecine douces qui peuvent être mises en place, entre autres, à la suite d'un AVC.

réaction AVC chien

Que faire en cas d’AVC chez le chien, quel traitement ?

Premiers gestes

Ne tardez pas lorsque vous constatez les symptômes ci-dessus car la survie de votre compagnon et l’importance des séquelles vont dépendre en grande partie de sa prise en charge au plus tôt par un vétérinaire.

Il est impératif de réagir rapidement : appelez votre vétérinaire pour lui décrire tout ce que vous avez pu observer. Il pourra vous donner des conseils d’urgence à mettre en place en attendant sa visite ou pour préparer le transport du chien à la clinique;

  • Tentez de faire reprendre ses esprits au chien, de le relever ;
  • Rassurez votre compagnon en lui parlant doucement et en le caressant ;
  • Ne le quittez pas, restez avec lui pour le rassurer ;
  • Emmenez le chien à la clinique le plus rapidement possible, en l’enveloppant dans une couverture.

Traitement vétérinaire

Une fois à la clinique, un traitement pourra être mis en place. Dans les cas graves, votre chien peut nécessiter une hospitalisation pour le surveiller de près (soins intensifs),le placer sous monitoring afin de surveiller les paramètres vitaux,lui administrer des fluides par perfusion intraveineuse, voire le mettre sous oxygénothérapie. Le vétérinaire peut prescrire des médicaments pour contrôler les symptômes tels que la douleur, les convulsions, l'inflammation ou l'hypertension artérielle.

Une fois que votre chien est stabilisé, le vétérinaire peut recommander une thérapie de rééducation pour aider à améliorer la fonction neurologique, la coordination et la force musculaire. Nécessaire dans certains cas, elle peut être complétée par des séances de physiothérapie.

Si l'AVC est causé par une affection médicale sous-jacente, telle qu'une maladie cardiaque, le vétérinaire peut recommander un traitement spécifique afin de réduire le risque de récidive d'AVC. C'est le cas si l'origine de l'AVC est, par exemple, une hypertension, un problème de coagulation, etc.

Des ajustements au mode de vie de votre chien peuvent être nécessaires : changements alimentaires, environnement calme pour réduire les risques de chutes ou de blessures, et une surveillance de la santé générale de votre chien.

Les conséquences et les séquelles de l’AVC chez les chiens

Si les conséquences de l’AVC chez le chien ne sont pas trop graves, l'animal devra suivre son traitement bien sûr mais il lui faudra sans doute aussi un programme de rééducation (Massage et kiné pour chien) qui durera plusieurs semaines.

Pendant tout ce temps le chien sera faible et il lui faudra du repos et un accompagnement de chaque instant pour l’aider dans ses gestes les plus courants, comme boire, manger…

En revanche, si l’AVC a laissé des séquelles très importantes et très invalidantes pour le chien, le vétérinaire se verra contraint d’envisager son euthanasie. Ce sera à vous de prendre la décision bien entendu, en sachant qu’au-delà de l’émotion du moment, la vie auprès d’un chien très diminué et handicapé, peut représenter un poids insurmontable avec le temps.

Mon chien a fait un AVC, est-ce qu'il souffre ?

Le chien peut souffrir des suites d'un AVC en ce sens où les séquelles impacteront sa qualité de vie : pertes d'équilibre, baisse de la vision, voire paralysie dans les cas les plus graves. Les troubles peuvent réapparaître si une cause sous-jacente n'est pas traité. Un suivi vétérinaire est indispensable.

AVC chien soins et traitements

Est-ce qu'un chien peut récupérer après un AVC ?

Les chances de récupération sont plus élevées si :

  • L’AVC est ischémique (causé par une obstruction) plutôt qu’hémorragique.
  • Le chien reçoit un traitement et des soins de soutien rapidement.
  • La cause sous-jacente peut être identifiée et traitée.

En revanche, si le chien reste paralysé ou inconscient plusieurs jours après l’AVC, ou s’il souffre d’une maladie grave préexistante, le pronostic est plus réservé.

Combien de temps faut-il à un chien pour récupérer après un AVC ?

Le temps de récupération

Le temps de récupération d'un chien suite à un AVC va dépendre de la zone du cerveau touché et de la rapidité de prise en charge. Un chien qui a fait un AVC a besoin de repos strict pour sa convalescence une fois son état stabilisé. Il faudra veiller à ce qu'il se nourrisse et s'hydrate suffisamment.

La récupération après un AVC chez le chien se déroule en plusieurs étapes :

  • 0 à 3 jours (24 à 72 h) : période critique où l’évolution est imprévisible. Certains chiens s’améliorent rapidement, tandis que d’autres restent fragiles.
  • Première semaine : les chiens stables commencent souvent à retrouver une meilleure coordination et un état général plus équilibré.
  • 2 à 4 semaines : la plupart des chiens récupèrent une mobilité satisfaisante et apprennent à compenser les déficits neurologiques.
  • 1 à 3 mois : phase de récupération maximale, accompagnée d’une rééducation progressive. Certaines séquelles peuvent subsister, mais la majorité des chiens s’adaptent à leurs nouvelles capacités.

Si aucun progrès n’est observé après un mois, une récupération complète devient peu probable, même si le chien peut encore apprendre à vivre avec ses limitations.

Les chances de survie

En cas d'AVC, le pronostic est réservé dès lors que les signes cliniques sont très graves et prolongés. Toutefois, les chiens présentant des signes peu sévères peuvent récupérer de façon rapide et spectaculaire*.

L'animal aura besoin de calme, de repos et de sommeil. Il faut absolument lui éviter tout stress.

Une récidive avec une seconde attaque n'est pas à exclure. Dès lors, le risque de garder des séquelles plus ou moinslourdes s'accentue. C'est en cela que la recherche par le vétérinaire d'une cause sous-jacente est importante.

Comment aider le chien à récupérer ?

  • Suivi vétérinaire régulier : des consultations fréquentes permettent d’ajuster les traitements et de suivre l’évolution.
  • Rééducation et physiothérapie : des exercices adaptés favorisent la récupération de la force musculaire et de la coordination.
  • Alimentation adaptée : en cas de difficultés à avaler, il peut être nécessaire d’adapter la consistance des repas.
  • Aménagement de l’environnement : limiter les obstacles, installer des tapis antidérapants et faciliter l’accès à l’eau, la nourriture et le couchage.
  • Patience et soutien : le chien peut nécessiter de l’aide pour se déplacer ou s’alimenter durant les premiers jours.

Séquelles possibles et qualité de vie

Certaines séquelles peuvent persister :

  • Inclinaison légère de la tête
  • Perte d’équilibre occasionnelle
  • Déficit visuel partiel
  • Difficulté à sauter ou à courir

Malgré cela, avec un accompagnement adapté, de nombreux chiens s’adaptent bien et retrouvent une bonne qualité de vie.

Quand envisager l’euthanasie après un AVC chez le chien ?

Après un accident vasculaire cérébral, décider de l’euthanasie est toujours difficile et doit se faire en étroite concertation avec le vétérinaire. L’objectif est d’évaluer si l’état du chien lui permet de conserver une qualité de vie acceptable ou si l’euthanasie constitue une option plus humaine.

Signes qui peuvent amener à considérer l’euthanasie

Il est important d’observer l’évolution du chien dans les jours et semaines suivant l’AVC :

  • Aucune amélioration malgré un traitement et une prise en charge adaptés.
  • Perte totale de mobilité, empêchant le chien de se lever, marcher ou s’alimenter seul.
  • Troubles neurologiques graves : désorientation permanente, convulsions incontrôlables ou état végétatif.
  • Douleurs ou inconfort constants, non soulagés par les soins vétérinaires.

Évaluer la qualité de vie

Pour guider la décision, il faut se baser sur des critères concrets :

  • Peut-il boire et manger sans aide ?
  • Réagit-il aux stimuli et reconnaît-il son environnement ?
  • Peut-il se déplacer sans douleur excessive ?
  • Est-il capable d’interagir et de profiter de moments de bien-être avec ses maîtres ?

Dans les situations les plus graves, lorsque l'animal vit dans une souffrance chronique sans espoir d’amélioration, l’euthanasie peut être envisagée pour lui éviter une agonie prolongée.

Chaque situation est unique : échanger avec le vétérinaire reste essentiel. Lorsqu’aucune récupération n’est possible, choisir l’euthanasie peut être un acte de compassion, permettant au chien de quitter la vie sans douleur inutile.

En conclusion, l'AVC (Accident Vasculaire Cérébral) chez le chien est une affection grave plus rare toutefois que chez l'Homme. Elle nécessite une prise en charge vétérinaire d'urgence.

*Source : Danciu CG, Gonçalves R, Caldero CJ, Posporis C, Espinosa J, de Decker S, et al. Comorbidités, pronostic à long terme et épilepsie post-AVC chez les chiens : étude observationnelle multicentrique de 125 cas. J Vet Intern Med. 2025;39(1):e17291. doi:10.1111/jvim.17291.